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12 décembre 2004

Mohand Ouyahya est décédé mardi dernier dans un

Mohand Ouyahya est décédé mardi dernier dans un hôpital à Paris

La culture algérienne perd en Mohya un chantre de l'amazighité

Jeudi 9 décembre 2004

Par Farida Belkhiri

Mohand Ouyahya, plus connu sous le nom de Mohya, est décédé mardi dernier des suites d'une longue maladie dans un hôpital parisien. C'était l'un des rares traducteurs algériens qui a fait des adaptations en kabyle de plusieurs œuvres universelles.Le premier article de cet homme de lettres ayant pourtant reçu une formation en mathématiques, est écrit en tifinagh. Il a été publié dans Imazighen, un bulletin de l'Académie berbère de Paris auquel le traducteur collaborait.Le théâtre est l'un de ses terrains de lutte et de création préférés. Il l'a investi en optant pour la traduction d'œuvres du théâtre universel. Près d'une quarantaine de pièces de théâtre reposent dans le répertoire littéraire et artistique kabyle.Cependant, Mohya ne s'est pas contenté de traduire. Son travail a été l'un des catalyseurs, dans les années 1980, qui ont aidé à l'avènement d'un mouvement théâtral en langue amazighe. Des troupes théâtrales ont commencé à reprendre ses adaptations théâtrales pour les mettre en scène. Le théâtre algérien s'est enrichi de pièces en tamazight dont beaucoup ont été interprétées dans plusieurs éditions de festivals de théâtre berbère.Parallèlement au théâtre, Mohya travaille la rime et tutoie la poésie. Mais il ne se contentera pas de traduire des œuvres de grands poètes comme, entre autres, Nazim Hikmet et Boris Vian. Poète jusqu'au bout, Mohya versifie ses idées et pensées et compose poésies et textes de chansons. En 1981, il compose Ah Ya din qessam pour rendre hommage aux berbéristes détenus dans les prisons algériennes. Le poème dénonciateur et revendicateur à la fois sera repris par plusieurs artistes, dont Ali Ideflawen, Bahi, le groupe Imuzagh… «Pour commencer, disait Mohya, je dois dire la chose suivante : c'est que faire des poésies ou des pièces de théâtre n'a jamais été pour moi un but en soi. Ce qui m'a toujours intéressé le plus, c'est tout ce qu'il y a au-delà. C'est-à-dire, en un mot, tout ce qui pourrait nous faire parvenir à une réelle maturité d'esprit. Or, une langue est, en même temps, me semble-t-il, le ciment de la société qui la parle, et encore la caisse de résonance dans laquelle sont répercutés tous les éléments de la vie de cette société. Je ne vois pas comment on peut s'intéresser à une société d'hommes dans leur devenir sans s'intéresser à leur langue. Et puis, la faculté de parler, n'est-ce pas ce qui distingue l'homme de l'animal ?»Ces quelques phrases résument la pensée de Mohand Ouyahya et la ligne directrice de son travail et de ses créations encore méconnues. En effet, comme c'est le cas de beaucoup d'auteurs algériens, les œuvres de Mohya ne sont pas toutes connues du grand public. Un vide qu'on pensera peut-être à combler en diffusant les œuvres… après la mort de l'homme.

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